Alors voilà, ca y est, je me lance dans la prise de vues réelles, avec un nouveau court-métrage : La fuite.
Et je vais vous raconter ça, pas à pas, sur ce blog (histoire d’avoir un peu de travail en plus).
J’ai plusieurs raisons à ça : d’abord, parce que pas mal de monde me
demande régulièrement des nouvelles, et que ça sera une bonne façon d’en
donner à tout le monde.
Ca servira aussi à l’équipe qui est en train de se monter, et aux
acteurs et figurants, de voir comment évolue le projet, où on en est,
savoir comment les collègues avancent…
Et à l’arrivée, ça fera peut-être un bon making-of sous forme de journal de bord ! Peut-être que l’expérience sera instructive…
- Contexte d’écriture
La fuite, c’est un scénario que j’ai écrit il y a quelques mois, dans le but de passer un peu à la prise de vues réelles (film « live »), après n’avoir fait presque que de l’animation jusqu’à maintenant (vous verrez les projets sur lesquels j’ai bossé et que j’ai réalisé en flânant un peu sur www.duduf.com).
- Lieu
Je me suis posé quelques contraintes, qui poussent à la créativité : pour simplifier la technique, je me suis imposé de faire un film entièrement tourné de nuit, dans un lieu unique et en intérieur. Le scénario a donc été très vite posé dans ce cadre : un bar, à la nuit tombée. Ce qui fait naturellement du lieu et du décor un élément très important du film, voire un personnage. J’ai l’intention d’en profiter pour me faire plaisir en le filmant, et tourner dans un bar qui me plait et que j’ai envie de partager.
- Contexte
D’emblée, en écrivant, ce bar s’est présenté à moi comme un lieu intime, petit, chaleureux. Et aussi clandestin, caché, et rock. Propice à la conspiration. J’ai donc posé ce bar dans un contexte difficile, une histoire de frontières fermées, de rationnement, d’épidémie, je me suis vite senti à Berlin Est, ou pendant une guerre, ou dans un bar clandestin pendant la prohibition aux États-Unis. Et c’était une bonne occasion de donner un but aux personnages que j’allais mettre en scène, un défi, et quelques difficultés…
- Personnages
Le cadre posé, il ne restait plus qu’à faire évoluer des personnages
dedans. Dans ce contexte difficile pour les personnages, leur trouver un
but concret.
Après avoir jonglé maladroitement avec une histoire d’épidémie
dans le scénario, j’ai passé un heureux weekend à Berlin, et finalement
ramené l’épidémie à un plan très lointain et tout juste effleuré, pour
mettre les frontières et leur franchissement comme nœud du scénario.
Enfin, le plus important, il me restait à raconter quelque chose de personnel,
et donner à ces personnages l’émotion que je ressens et qui donnera du
sens au film. On ne parle bien que de ce qu’on connait. C’est pour cette
raison que sur ces différentes couches, au final, le sujet
principal du film, ce sont les relations et les émotions – amour,
jalousie, colère et haine. Un espèce d’exutoire pour moi.
- Synopsis
Je vous livre donc un court synopsis du film, et ne vous en dit pas plus, pour ne pas gâcher la surprise à ceux qui découvriront le film une fois fini :
Les frontières sont fermées et infranchissables, et la vie dans le pays est devenue trop difficile pour Nathan et Femke. Mais si Femke se sent prête à essayer de traverser clandestinement la frontière, Nathan, lui, n’ose pas s’y résoudre. C’est alors que deux personnes se présentent avec une solution pour partir.
Voilà résumés quelques mois de travail d’écriture ! J’ai commencé à écrire au début de l’été 2011, et à peu près terminé début décembre (mais le scénario reste en constante évolution et ajustement) ; il y a eu cependant plusieurs périodes de non-écriture pour prendre un peu de recul, et quelques discussions avec mon entourage pour y apporter des améliorations, que je remercie chaleureusement pour leur aide, même si ils ne se sont pas forcément rendus compte que l’épreuve était surtout dure pour moi ; il est très difficile de faire lire son travail, surtout quand on sait que les lecteurs vont y voir une partie très personnelle de soi. Ça demande de surmonter une certaine pudeur, ce n’est vraiment pas facile, et j’ai la ferme impression que cette pudeur me poursuivra jusqu’à chaque projection du film…
Si j’ai simplifié le scénario en ne m’imposant qu’un lieu, intérieur, et de nuit pour simplifier la lumière, c’est que pour ce premier film live je ne voulais pas aller à la recherche d’un producteur, pour mettre au maximum les mains dans le cambouis et apprendre, apprendre, apprendre. (et aussi, j’ai du mal à l’avouer, à cause de cette pudeur qui m’empêche de faire lire mon scénario à quelqu’un qui le critiquera plus objectivement que mon entourage)
Voilà le défi du film : avec aucun autre moyen que mes amis,
mes collègues, et tous les bénévoles qui voudront bien m’aider, le but
est de réaliser un film d’un quart d’heure environ, peut être un peu
plus, avec une qualité cinéma. Rien que ça, oui, et entièrement à la
débrouille.
(ça comprend : scénario, technique, et jeu des acteurs, on ne fait l’impasse sur rien…)
Je commence bien évidemment sans aucun matériel – je ne possède personnellement qu’un appareil photo (un reflex : Canon 500D et deux objectifs) et un micro de chant – histoire d’être sûr de me mettre des bâtons dans les roues dès le début de la pré-production !
Je ne serai bien sûr pas déçu si on n’atteint pas une qualité exceptionnelle sur tous les tableaux, l’important, c’est que ça sera formateur.