Au début quand vous vient l'idée d'écrire un roman, la question que l'on se pose est quels thèmes vais-je choisir ?
Je n'ai pas eu besoin de répondre à cette question. L'envie d'écrire un roman policier me paraissait normale, presque intuitive. Mais je peux comprendre que chacun ait le besoin de faire un choix qui correspond le mieux à ses attentes.
Lors de rencontres avec plusieurs auteurs de ma région, je me suis rendu compte que le nombre de livres autobiographiques représentait un pourcentage élevé. Vous me direz que cela est surprenant, mais en y réfléchissant un tant soit peu, vous vous rendez compte que ces auteurs ont gardé en eux des faits ou des situations qu'ils ont eu envie d'expurger. Alors le seul moyen pour faire ressortir tous leurs tourments ou leurs angoisses, est d'écrire et ça devient une forme simple de thérapie. Se raconter est sûrement un exercice douloureux, car pour les autobiographes, se confronter à ce que le miroir montre ou déforme de leur vie rend indéniablement leur écriture angoissée et torturée.
Mais je peux comprendre leur envie et leur désir de dépasser ces frontières du passé. Cette forme de thérapie est raisonnablement moins onéreuse qu'une ou plusieurs visites sur le canapé d'un psychanalyste et sûrement plus efficace à leurs yeux. Mais faut-il en arriver là pour exprimer les différents heurts que la vie vous a demandé d'expier ?
Je ne le crois pas. Créer des personnages, les habiller, les faire parler, les mettre dans des situations merveilleuses ou rocambolesques permet de plonger dans un monde où notre passé certes, mémorisé ne peut s'inviter pour encombrer notre esprit ouvert dans ces moments-là à l'écriture.
Je n'ai pas assez de recul en tant que romancier pour me permettre de juger les autobiographes, mais je puis vous affirmer que l'écriture pour moi n'est ni une forme de thérapie, ni un mode expiatoire d'un passé tourmenté, car il n'est pas, en tout cas, dans ma mémoire ou mon subconscient. Si thérapie il y a, c'est dans la jouissance et le plaisir de raconter une histoire que je la trouve.
Si avoir de l'imagination peut engendrer, susciter, donner du rêve à nos lecteurs, alors croyez-moi, cette thérapie est la meilleure que je puisse vous offrir.