Il existe des villes où dès que vous y posez le pied, la magie opère. Ce fut le cas pour moi lors de mon premier voyage à New York.

Ma fille qui vit dans cette ville m'avait simplement dit ces mots: on aime ou on n'aime pas New York.

Je lis sur votre visage, en même temps une légère pointe d'ironie et de scepticisme à valoir sur le fait que votre humble narrateur puisse vous rabâcher l'idée que New York soit encore une nouvelle fois sur le devant de la scène. N'en déplaise à celles et ceux qui ont dans la tête que je vais les inonder et peut-être les noyer de clichés stéréotypés - Statue de la Liberté, 5 ième Avenue, Times Square, Central Park, Empire State Building - pour ne citer qu'eux. Mais détrompez-vous sur mes intentions, elles ne sont que spéculativement désintéressées

Comme bon nombre de touristes, j'avais en mémoire une quantité invraisemblable d'images vues ici ou là dans les séries télévisées ou les documentaires sur cette immense mégalopole. Alors à peine installé dans ma chambre d'hôtel, J'ai déplié la carte de New York  sur le lit, prit un peu de recul et je me suis demandé par quel bout me j'allais me l'accaparer et en faire une complice.

Et la une nouvelle fois, vous vous dites en mimant un rictus moqueur, que je suis en plein délire de sensations fortes et de mégalomanies infantiles, à vouloir prendre à bras le corps la ville.

A un moment  donné, je me suis posé la question de savoir si vous n'aviez pas de raison et que mon subconscient s'égarait dans des dérives imaginaires.

Mais mon bon sens a vite repris le dessus et suis revenu à des choses et des pensées plus pragmatiques. Je me suis la réflexion que ce n'était qu'une île et qu'il suffisait d'en faire le tour pour la regarder. Maïs je dois dire que cette solution ne m'emballait guère. Alors en regardant de plus près cette carte et à force d'en fixer les contours, votre oeil découvre que cette ville est la simplicité même. Et là encore une seconde fois, vous me direz que ma remarque est dénuée de bon sens, car vu la superficie de l'île confrontée à la densité de la population, il est fondamentalement idiot de clamer que la ville est la simplicité même.

Et pourtant, qu'elle soit regardée de l'Empire State Building comme l'a fait King Kong ou tout simplement en se plantant en plein milieu de la 5 ième Avenue comme l'a fait votre narrateur, on s'aperçoit avec jouissance des lignes majestueuses des avenues entrecoupées de rues rectilignes où se perdre devrait être un jeu d'enfant. Maïs paradoxalement, c'est là que vous devenez complice de cette irrationnelle mise en forme simpliste de cette ville.

Dans votre regard, je sens sur mes propos de la méfiance, pire, de la  défiance. .Pourquoi vous emmènerai-je sur une idée qui ne correspond pas peut-être pas à vos observations. Permettez-moi d'insister afin de vous montrer que mes intentions sont aussi simples que les vôtres, mais avec la redoutable envie de vous persuader que, aussi complexe soit-elle à vos yeux, New York demeure la simplicité même, de part la beauté de ses gratte-ciel, du tracé non alambiqué de ses rues et avenues et de l'accès à tout ce qui fait que le lambda marcheur que je suis, a à la portée de la main.

Moi j'aime New York et sa démesure parfaite, j'aime New York et ses ballets harmonieux de taxis jaunes, j'aime New York et ses accents multicolores, j'aime New York et ses sensations de monter aux cieux, j'aime New York et la fraîcheur sans cesse renouvelée de ses parcs, j'aime New York et sa fantastique énergie communicative.

Malgré tout mon enthousiasme, je vois encore une  troisième fois dans vos yeux que je ne vous ai pas convaincu du bien-fondé de mes arguments. Mais réfléchissez bien, vous qui êtes autant voyageur que moi, avez-vous déjà ressenti ce plaisir durable que la ville à laquelle vous pensez, puisse être en totale osmose avec tout votre corps de façon à faire naître en vous une complicité tout à fait naturelle, due à la simplicité vers laquelle, cette ville vous entraîne.

Je suis arrivé à cette conclusion, me direz-vous banale ou même simpliste, qu'il est bon d'errer et de croquer tous les quartiers de la Grosse Pomme avec tout simplement l'envie et le désir de lui rendre un moment de partage et de complicité.

Le léger sourire que je devine sur votre visage, serait enclin à irriter plutôt ma conscience. Maïs je dois dire que vous êtes difficile à convaincre. Alors Je vais faire encore un effort de petit. En cherchant multiples complications, dire qu'une mégalopole est complexe, demeure un avis sérieux. Mais pourquoi faut-il rendre les choses plus difficiles quand vous avez devant vous la vision parfaite d'un ensemble équilibré d'une ville comme New York.

Mettons les clichés de côté et attardons-nous sur l'aspect méthodique de la carte qui est étalée sur le lit. Comment pouvez-vous perdre la notion de l'espace quand on vous met face à des lignes droites, à des ensembles carrés qui font que géométriquement, il n'y a rien de plus de simple et plus  facile pour se déplacer. Convenez que New York se fait dans ces moments-là, votre complice pour ne pas vous perdre inutilement dans les dédales où même le Minautore ne retrouverait pas son chemin.

Le rêve américain existe pour la plupart d'entre nous, et s'y installer est un souhait tout à fait légitime. Maïs admettez qu'il est un sentiment noble et non intéressé de penser que New York est une ville majestueuse, îlienne, complice avec ses habitants,mais surtout à la fois libre, simple et légère comme une plume emportée par un vent marin.

Votre large sourire montre que je vous ai enfin convaincu et si le coeur vous en dit, partez avec moi et allons marcher tout simplement et en toute quiétude dans les rues et les parcs de la belle New York